Numéro 30 - Eté 2014
Editorial - Le Parlement européen au pied du mur
Michel Dévoluy, Université de Strasbourg (BETA).
Les résultats des élections européennes de mai 2014 sont déprimants. Le taux de participation reste pratiquement celui d’il y a cinq ans, soit 43%. En prenant la moyenne des 28 Etats de l’UE, moins d’un électeur sur deux est allé voter. L’Europe intéresse peu. De plus, les partis europhobes ou très eurosceptiques recueillent désormais plus d’un vote sur cinq contre un sur six dans la législature précédente. L’Europe se porte mal.
Les souverainistes proposent une déconstruction de l’Union. Cette voie est périlleuse et rétrograde. Mais elle permet de cristalliser les mécontentements sur des réponses simples à (...)
Peut-on gérer la zone euro ?
Catherine Mathieu, Département analyse et prévision, l'OFCE
Henri Sterdyniak, Département économie de la mondialisation, l’OFCE
Comme l’a montré le creusement des déséquilibres avant la crise, puis la crise elle-même, l’euro souffre d’une organisation défaillante qu’il est difficile de corriger. L’article critique certains pistes actuellement proposées : la gouvernance par des règles, l’union politique, le fédéralisme budgétaire, la régulation par les marchés financiers. Il montre que l’euro ne peut survivre que si les pays pratiquent une coordination ouverte de leurs politiques économiques, s’accordent sur un objectif de plein-emploi et de résorption des déséquilibres courants, et, que dans ce cadre, la BCE garantit les dettes (...)
Le traité transatlantique et la résistance citoyenne
Michel Dévoluy, Université de Strasbourg (BETA).
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont entamé des négociations en vue d’établir un partenariat approfondi pour le commerce et l’investissement à l’horizon 2015. Alors que les négociations ont débuté dans une certaine indifférence, elles soulèvent désormais de rudes critiques, surtout en provenance de la société civile. Ces réactions obligent les négociateurs à plus de transparence et à réviser certaines lignes directrices. Ici, ce sont les citoyens qui administrent une leçon de démocratie aux Etats. Mais la leçon sera-t-elle suivie de réels effets (...)
Économie souterraine et finances publiques dans l’Union européenne
Gilbert Koenig, Université de Strasbourg (BETA)
Des études récentes ont évalué l’importance de l’économie souterraine dans les pays de l’Union européenne et les manques à gagner fiscaux et sociaux qui en résultent pour les finances publiques de ces pays. En considérant qu’une diminution partielle des activités souterraines permettrait aux États de récupérer le tiers de ce manque à gagner, on pourrait espérer des recettes fiscales supplémentaires représentant, selon les pays, entre 1,2 % et 3,8 % de leur PIB. Un tel potentiel permettrait d’améliorer les finances publiques des pays de l’Union européenne sans freiner la croissance économique ou même en (...)
Après l’arrêt de la CJUE du 3 avril 2014, l’entreprise de service public "à la française" est-elle encore compatible avec les traités européens ?
Damien Broussolle, Institut d'Etudes Politiques, Université de Strasbourg (LaRGE),
On sait que, depuis le traité de Rome, le droit européen est censé être neutre vis-à-vis de la propriété du capital, ce qui a pendant longtemps été interprété comme une acceptation de l’économie mixte et des entreprises publiques. Pourtant, progressivement et notamment sous la pression de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), la perspective a changé. Un récent arrêt (3 avril 2014), vient confirmer cette évolution. De telle sorte qu’il est permis de se demander si l’entreprise de service public "à la française" est encore acceptable dans le cadre de (...)
La politique européenne de développement régional et le concept de spécialisation intelligente : smart specialisation strategy
Jean-Alain Héraud, Université de Strasbourg, CNRS, BETA et Association de Prospective Rhénane.
La politique d’innovation, au niveau national comme au niveau européen, passe largement par les régions. La politique régionale de l’UE est de plus en plus conçue comme un instrument de sa politique d’innovation. Avec le nouveau mot d’ordre de "smart specialisation", l’Europe cherche à stimuler et coordonner les stratégies territoriales. Est-ce une idée vraiment neuve et est-elle efficace ?
Faut-il défaire ou pas l’Euro et la construction européenne pour les amender ? Compte-rendu de l’ouvrage de Frédéric Lordon : La Malfaçon - Monnaie européenne et souveraineté démocratique

René Kahn, Université de Strasbourg (BETA)
Un débat essentiel divise aujourd’hui la communauté des économistes (on trouve les mêmes interrogations dans d’autres disciplines), mais qui hélas associe assez peu les citoyens, à propos de la construction européenne, de ses politiques économiques et de l’Euro. Certains comme Michel Aglietta, Daniel Cohen ou Michel Dévoluy, etc. préconisent le maintien de l’Euro sous réserve d’aménagements plus ou moins importants de l’architecture institutionnelle européenne et des règles qui régissent la politique de la monnaie unique, alors que d’autres comme Jacques Sapir, Jean-Jacques Rosa, ou Emmanuel Todd, appellent à (...)