Numéro 22 - Eté 2010

Éditorial

Editorial : Non au Consensus de Bruxelles

Michel Dévoluy, Université de Strasbourg (BETA).

Le "Consensus de Washington" est connu depuis le milieu des années 1980. Il sert à qualifier les politiques, largement inspirées par le FMI, qui font surtout peser sur les plus faibles le poids du redressement des finances publiques des Etats en difficulté. Désormais, il faudra plutôt parler de son avatar : le "Consensus de Bruxelles". L’Europe est en effet aux avant-postes dans la lutte pour la rigueur budgétaire. Cette posture de défiance absolue envers les déficits publics est affirmée par la Commission. On la retrouve également dans la volonté exprimée par l'Eurogroupe de durcir la surveillance (...)

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L’impossible coordination des stratégies de croissance en Europe : une affaire d’hétérogéneité institutionnelle

Jean-Paul Pollin, Université d'Orléans (LEO)

Pour répondre à la crise et à ses prolongements, les pays de la zone euro semblent admettre qu’il faut approfondir la coordination des politiques économiques dans l’Union Monétaire. Mais les conceptions de cette coordination restent très différentes d’un pays à l’autre et notamment entre l’Allemagne et la France. Nous pensons que l’origine de ces oppositions se situe dans l’hétérogénéité institutionnelle des économies concernées, particulièrement dans celle de leurs systèmes de financement et de gouvernance des (...)

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L’UEM face aux déficits publics de ses membres

Gilbert Koenig, Université de Strasbourg (BETA)

La crise économique et les plans de relance qu’elle a suscités ont abouti à une détérioration des finances publiques des pays européens, ce qui a conduit à une défiance des opérateurs financiers et à des spéculations contre les pays les plus faibles, notamment la Grèce. La gestion européenne chaotique de la crise grecque a fait perdre à l’Europe une partie de sa crédibilité, ce qui a alimenté la défiance des opérateurs financiers envers les autres pays à forts déficits budgétaires. La crainte d’une diffusion de la crise grecque a obligé l’Union européenne à mettre sur pied un plan massif de soutien aux pays en (...)

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La gestion allemande de la crise grecque

Eric Rugraff, Université de Strasbourg (BETA)

L’extrême réticence allemande à venir en aide à l’économie grecque s’explique par le calendrier électoral ainsi que par la présence d’un partenaire libéral au sein de la coalition au pouvoir. Plus fondamentalement, la position allemande s’explique par la tradition ordo-libérale qui s’est imposée après guerre dans la pensée économique et sociale allemande, ainsi que par la spécificité de la trajectoire allemande récente issue de la réunification.

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Le fédéralisme budgétaire et la dépréciation de l’euro, des facteurs de sortie de la crise dans la zone euro ?

Jamel Trabelsi, Université de Strasbourg (BETA)

La crise budgétaire en Grèce a mis en exergue l’incapacité des institutions, telles qu’elles étaient conçues, à protéger les économies de l’Union européenne contre les mouvements spéculatifs. La nécessité d’adopter une structure budgétaire fédéraliste est plus que jamais nécessaire pour donner plus d’immunité à la zone euro. Le fléchissement de l’euro constitue une bouffée d’oxygène pour les pays européens qui retrouveront sûrement la compétitivité et la croissance.

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De l’examen des réformes financières au plaidoyer pour une finance-casino

Michel Dévoluy, Université de Strasbourg (BETA).

Les réformes engagées par les autorités publiques en vue de réduire les risques de crises financières sont énoncées avec force. Elles méritent notre attention. Cependant, elles contournent des questions de fond. A partir du moment où on admet qu’un système monétaire et financier robuste est une forme de bien collectif, il est hautement souhaitable de conférer à la finance-casino un statut particulier.

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Implications de l’imperfection des marchés financiers pour la politique monétaire

Meixing Dai, Université de Strasbourg (BETA) et CNRS

Dans une économie de marchés financiers qui est soumise à un risque de dysfonctionnement et où les actifs financiers sont des substituts imparfaits, on ne peut pas négliger les marchés financiers et monétaires dans les décisions de politique monétaire comme le fait actuellement la littérature du ciblage d’inflation et des règles du taux d’intérêt. Le dysfonctionnement des marchés financiers et monétaires qui débouche sur une crise financière majeure caractérisée par l’éclatement des bulles spéculatives sur les prix des actifs réels et financiers, pourrait obliger la banque centrale à mener une politique du taux (...)

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Sabine Saurugger, « Théories et concepts de l’intégration européenne », Presses de Science-Po, 2009

Eric Maulin , Université de Strasbourg (IHEE)

Les ouvrages sur la théorie générale de l’intégration en français sont assez rares. C’est donc avec plaisir qu’on accueille ce fort volume de 483 p., lequel présente la mosaïque des théories de l’intégration, retrace leur genèse et leur généalogie et soulève des questions fondamentales quant à la valeur d’exportation du modèle européen d’intégration dans la mondialisation.