Éditorial — L’euro est certes {notre} monnaie

Michel Dévoluy, Université de Strasbourg (BETA).

Moïse Sidiropoulos, Université de Strasbourg (BETA)

Un éminent représentant de l’administration américaine a pu dire « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Cette formule illustre la fameuse douce négligence qui fut souvent pratiquée outre Atlantique en matière de politique de taux de change. Qu’en est-t-il pour l’Europe ?

Mots-clefs : Avenir de l’Europe, Banque centrale européenne (BCE), euro et les autres monnaies, Euro-système, passage à l’euro et mise en place de l’euro, taux de change euro/dollar.

Citer cet article

Michel Dévoluy , Moïse Sidiropoulos « Éditorial — L’euro est certes {notre} monnaie », Bulletin de l’Observatoire des Politiques Économiques en Europe, vol. 2, 1 - 2, Été 2000.

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Un éminent représentant de l’administration américaine a pu dire « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ». Cette formule illustre la fameuse douce négligence qui fut souvent pratiquée outre Atlantique en matière de politique de taux de change. Qu’en est-t-il pour l’Europe ? Dans l’état actuel des choses, l’euro est certes notre monnaie mais il demeure notre problème. L’UE remplit a priori les conditions économiques de la douce négligence. C’est un espace économique puissant et relativement fermée comparable aux Etats-Unis. En revanche, ce sont les conditions politiques qui manquent : l’UE ne parle pas encore d’une seule voix.

Après un beau départ, l’euro a perdu environ un quart de sa valeur face au dollar. Cette évolution suscite beaucoup de questions et de craintes. Les économistes sont équipés pour apporter des explications : différences des conjonctures, différentiel des taux d’intérêt,…bref les « fondamentaux » jouent leurs rôles.

Ajoutons que l’euro était à l’origine un peu dopé face au dollar par les vertus des critères de convergence. Bref, rien de très surprenant ni de nouveau dans un contexte des changes flexibles.

Ce qui paraît plus spécifique dans l’évolution actuelle c’est le poids des anticipations pessimistes sur le cours de l’euro. La rationalité économique rejoint ici la politique. La défiance vis-à-vis de l’euro résulte largement d’une perception forte de la fragilité de l’Europe.

L’Europe n’est pas encore vécue comme une entité. Une monnaie unique sans gouvernement économique ne garantit pas la construction d’une identité européenne. L’euro 11 demeure un groupe informel, les GOPE (Grandes Orientations de Politique Economique) n’apparaissent pas aux yeux des européens comme en engagement ferme sur un programme économique porté par l’UE. Il y a deux interlocuteurs potentiels pour la politique de change : le conseil ECOFIN et la BCE. Toutes ces caractéristiques pèsent sur les anticipations et donc sur l’euro.

Il faut, sans doute, ajouter à ce tableau toutes les incertitudes, et donc les inquiétudes, sur les contours futurs de la zone euro.

Quelle voie pour l’avenir ? Tout en choisissant des perspectives différentes, les articles de ce bulletin pointent la nécessité d’une avancée politique pour l’UE : l’Europe et l’euro ne doivent faire qu’un. Ces articles reflètent d’ailleurs largement les opinions exprimées récemment lors d’une Journée d’Etudes sur « l’euro comme vecteur d’identité européenne » organisée à l’Institut des Hautes Etudes Européennes (IHEE) de Strasbourg par les membres de l’Observatoire des Politiques Economiques en Europe.

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